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Drôle de bonhomme que ce monsieur Sweetman. Très sympathique face à l’idée de me faire visiter son ancien magasin général aujourd’hui fermé, mais il bascule du français vers l’anglais sans arrêt dans ses conversations. « Look at here, this is the vieux tiroir-caisse avec le code que you must enter to open it ». Au bout du compte, nous optons pour l’anglais, plus facile pour ce dernier.
Fermé depuis une dizaine d’années, le magasin général a conservé son cachet d’antan grâce à ses longs comptoirs encastrés dans le plancher, ses vieilles portes vitrées avec le nom d’une ancienne compagnie de peinture et son inventaire invendu datant d’une autre époque. Le deuxième étage en est d’ailleurs rempli. Entre les vieux souliers dans des boîtes poussiéreuses et les vêtements des années 1980 contenant encore leurs étiquettes, c’est un véritable voyage dans le temps au-delà des trois dernières décennies.
Entre le vieux tableau noir datant du siècle dernier où étaient inscrits les prix et les paniers dans lesquels se trouvaient les bananes qu’on accrochait au plafond, Monsieur Sweetman me montre ce qui me semblait être une grosse caisse enregistreuse alors qu’il s’agit plutôt d’un système de comptes à payer. À l’époque, alors que l’argent était rare et souvent présente qu’à la fin du mois, la survie d’une famille passait souvent par le crédit qu’elle obtenait au magasin général. Ainsi, dans cette filière, on retrouvait les différentes factures des clients du village.
Et à côté ? Un gros rouleau de papier dans lequel étaient emballées les emplettes du début du siècle dernier, aujourd’hui inutile.
Aujourd’hui, le magasin est fermé et au gré des visites des antiquaires, le magasin se vide de son contenu un peu à chaque saison qui passe. Entre le vieux frigo au kérosène et les quelques antiquités qui restent, on devine bien que l’avenir du bâtiment est, hélas, aussi fragile que le vieil homme.
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